Saint-Maximin-la-Sainte-Baume
La commune de Saint-Maximin la Sainte Baume est principalement localisée dans une plaine avec une altitude moyenne
de 290 m où se trouvent des dépôts alluvionnaires qui peuvent atteindre jusqu’à 2 m d’épaisseur. Au nord et d’ouest
en est, la limite communale avec Seillons-Source-d’Argens et Brue-Auriac est matérialisée par la rivière Meyronne
qui ensuite se jette dans le fleuve Argens. À l’est, la commune est limitrophe avec les territoires de Bras, Tourves
et Rougiers par des collines boisées et la rivière du Cauron pour ensuite obliquer en angle droit vers le nord-ouest
en direction de la grande colline de Brandine, longeant ainsi les terres de Nans-Les-Pins. Après un nouvel angle droit,
elle suit en direction du nord-est jusqu’à la colline de Sigon, au-dessus de la source de Meyronne et rejoint son cours
pour faire limite avec les communes de Pourcieux et d’Ollières. La superficie totale de la commune est de 64,13 km².
L’HISTOIRE
Avant de débuter un voyage vers l’histoire humaine proprement dite, une vision du territoire semble néanmoins nécessaire.
Dans la tradition locale, la plaine était un grand espace lacustre et les premiers occupants de la plaine de Saint-Maximin
vivaient dans des « cabanes » sur pilotis.
La pré et protohistoire
Les études modernes réalisées dans cette plaine et à ses abords immédiats démontrent effectivement la présence d’un lac
qui s’étendait sur sa totalité au pléistocène supérieur (en Provence -48 000 à -34 350 ans). La plaine a ensuite été
colmatée par des apports de matériaux naturels. La sédimentation se fera principalement par ruissellements de surface,
par des effets torrentiels ponctuels et apports éoliens. Les occupations humaines pendant cette période sont
essentiellement représentées par des fréquentations sous abri, néanmoins absents sur la commune. Toutefois, des indices
révélateurs de présences humaines, divers outils et silex taillés, ont été prélevés sur les collines en périphérie de
la plaine et attestent une occupation de plein air, cependant moins fréquente,notamment dans les quartiers de l’Enclos,
Sigon et Villardier.
C’est probablement à la suite des périodes de sédimentations et d’assèchements climatiques que des groupements humains
s’installent dans la plaine au néolithique et à la protohistoire (-6000/-850). Hypothétiquement à cette période, une
zone marécageuse subsistait au sud de la plaine, à l’actuel parc d’activités du chemin d’Aix, ainsi qu’une bande étroite
lacustre à l’ouest. Des études sont en cours pour valider ces probabilités.
En effet, des indices de présence humaine pour ces époques ont été relevés dans les quartiers de Saint-Mitre, du Plantier,
de Herbous ou encore aux abords immédiats du Saint-Maximin d’aujourd’hui pour ne citer que les principaux en plaine, et à
Recours, au Deffends, à Berne ou Sigon dans les hauteurs. Sans concrètement parler « d’industrie lithique », les occupations
sont relativement denses et ont fourni une quantité non négligeable d’indices. Jusqu’à l’époque du bronze final, l’élevage,
l’agriculture, la poterie et la métallurgie se développent sur l’ensemble de la plaine.
L’Âge du Fer
À l’âge du fer, les marécages et la bande lacustre se sont amoindris, des communautés conservent les lieux de fréquentations
antérieures ; cette continuité est attestée par les divers artefacts relevés sur la plupart des sites. Il est généralement
donné pour cette période le nom de celto-ligures aux peuples du sud-est de la Gaule. Il est possible, grâce aux descriptions
faites par le géographe et historien grec du 1er siècle avant J.C., Posidonios d’Apamée, qui a parcouru les territoires en
périphérie de Massalia, de nommer les peuplades présentes sur le territoire. Il les appelle Salluvii (Salyens) dans la zone
d’ouest en est qui s’étend de la plaine de La Crau (13) vers Draguignan (83), et du sud au nord de la Méditerranée à la
Durance. La « capitale » de cette confédération est localisée à Entremont, cité proche de la future Aquae Sextiae
(Aix-en-Provence 13). Il semblerait que le nom qu’il aurait attribué aux tribus présentes sur le territoire de Saint-Maximin
soit les Tritolli. À la suite des nombreuses opérations archéologiques, des traces de cultures, des fours banals, des
sépultures ainsi que des silos de stockage et des puits confirment la sédentarisation humaine dans la plaine. Du matériel de
provenances diverses témoigne également des échanges commerciaux, bien évidement avec Massalia, la Marseille phocéenne, dès
le VIe siècle avant J.C., mais aussi avec les Étrusques, les pays Alpins et Italiques.
Les habitants de la plaine, pour se protéger des invasions ou des hordes de bandits, construisent sur les hauteurs du Deffends,
des Cinq-Ponts de Berne et le moins connu de tous, Cadrix, des structures défensives avec remparts, les oppida, afin d’abriter
leurs ressources. Les fouilles menées sur ces sites ont également fourni du matériel en abondance.
C’est à la suite d’une demande d’aide par les Massaliotes à Rome, au début du deuxième siècle avant J.C. pour combattre les
pirates ligures et les tribus qui contrôlaient l’arrière-pays, qu’en -124 le Consul Caius Sextius Calvinus détruit les villages
d’autochtones et leur capitale. Cependant, les peuplades continueront leurs modes de vie jusqu’à la romanisation totale de la
fin du premier siècle avant J.C.
L’Antiquité
Pour cette période, le territoire saint-maximinois possède de nombreux témoignages. En effet, des bâtiments luxueux vont naitre.
Des villae aux sols de béton de tuileau et des murs enduits peints à l’intérieur comme à l’extérieur, des dallages et des moulures
de marbre, des mosaïques ainsi que des hypocaustes (chauffage central) vont remplacer les lieux d’occupations celto-ligures.
Des vestiges de ces villae ont été observés aux quartiers de Verdagne, à Recours, à Sceaux, aux Aiguilles et sous l’actuel
centre-ville de Saint-Maximin où des structures gallo-romaines sont sous le sol des rues. D’autres témoignages sont visibles
intra-muros, notamment un bas-relief présent sous une fenêtre dans une ruelle représentant deux soldats romains affrontés à deux
barbares ainsi que la crypte, monument funéraire à l’origine de la fondation de la basilique, avec ses sarcophages du IVe siècle et
un baptistère paléochrétien, ajouté à une église primitive du Ve siècle, au midi de celle-ci. Le nom de « Villa Lata » est donné à
cette agglomération gallo-romaine. « On ne trouve pourtant point cette dénomination dans les anciens écrits » confie Louis Rostan
dans sa notice sur l’église. Le cartulaire de Saint-Victor désigne déjà la cité au XIe siècle sous le nom de Sanctus Maximinus,
dans le territoire de Castrum Rodanas. « Rodani, nom primitif de la localité, resta le nom du château fort, du Castrum proprement
dit, Sanctus Maximinus était la ville bâtie au-dehors des murailles autour du monastère de Saint-Maximin ».
Des établissements agricoles également à l’Adret, à la Roquette, aux Fontaines, à Dardenne, au Plantier ou à Saint-Jacques pour en
nommer quelques-uns. De probables huileries au Deffends et à la Sorbière, mais aussi un spectaculaire aqueduc qui enjambe la rivière
Meyronne dans le défilé des Arès entre Seillons-Source-d’Argens et Saint-Maximin dont il ne reste de visible aujourd’hui qu’une pile
d’une dizaine de mètres de hauteur et ses deux culées rives gauche et droite ; par déformation, le nom donné à cet aqueduc est
« l’aqueduc de Zar ».
Au sud de la ville, actuel chemin de Berne, la voie Aurélienne longeait les contreforts du Mont-Aurélien. La Via Aurelia a été mise
en œuvre à partir de 241 avant J.-C. par le consul Caius Aurelius Cotta. À l'origine, elle partait de Rome pour arriver à Luni. Au
fur et à mesure des conquêtes sont venus s'y rattacher des tronçons. Après sa victoire sur les peuples des Alpes du Sud, l'Empereur
Auguste continua cette route, à partir de 6 avant J.-C. jusqu'à Arles. Sa construction revêt alors une des plus grandes importances.
La soumission de ces peuples va permettre de raccourcir le trajet en temps et en distance. C’est donc dans cette période qu’a dû
être réalisée la partie qui traverse le territoire de Saint-Maximin. Une borne milliaire, érigée à la suite de travaux réalisés sur
la voie dans le courant de l’été 43 en l'honneur de l'empereur Claude, quatrième empereur romain qui régna de 41 à 54, y a été
inventée par Louis Rostan en 1858. Elle comporte l’inscription « TI. CLAUDIUS. DRVSI. F. CAESAR. AVG. GERM. PONT – MAX TRIB. POTEST.
III COS. III IMP. U. P. P. REFECIT » (Tibère Claude, fils de Drusus César Auguste Germanicus, souverain pontife dans la troisième
année de sa puissance tribunitienne, consul pour la troisième fois, imperator pour la cinquième, père de la patrie a refait (cette
route)). L’originale, aujourd’hui conservée dans le cloître du couvent royal, a été remplacée par un facsimilé sur le lieu supposé
de sa découverte.
Il semblerait que l'abdication de Romulus Augustule en 476, dernier empereur de l'Empire romain d'Occident, soit généralement retenu
comme marqueur de la fin de l’empire.
Le Haut Moyen-Âge
Peu d’informations de cette période, entre l’antiquité tardive et le Moyen Âge, nous sont parvenues. Les établissements gallo-romains
sont détruits ou laissés à l’abandon, parfois réoccupés par des populations instables. Une céramique particulière, la Dérivée de
Sigilée Paléochrétienne, est un bon facteur d’attribution pour la fin du IVe siècle jusqu’au début du VIIe siècle. Il est ainsi
possible, à Saint-Maximin, d’envisager des occupations à Sceaux, aux Aiguilles par exemple et sur la cité de Saint-Maximin. M.
Faillon, dans « Monuments inédits tome1 », indique qu’il existait au Ve ou VIe siècle une abbaye de saint Maximin, au diocèse d'Aix,
où l'on conservait le tombeau de sainte Madeleine et celui du saint évêque Maximin. Les Cassianites de Saint- Victor de Marseille en
étaient les fondateurs et ces deux monastères passèrent ensuite de l'institut de Cassien à celui de Saint-Benoît le 04 juillet 1079
par une bulle du Pape Grégoire VII. À la fin du Ve siècle, la région est dominée par les Wisigoths de foi arienne. Les mérovingiens
Childebert et Clotaire, après la conquête de la Burgondie vers 534, annexent la Provence vers 536, le royaume fut réunifié en 558 par
Clotaire Ier. Parthénius est probablement un des tout premiers recteurs de Provence. Entre 561 et 600, la Provence est partagée en
deux provinces, celles d’Arles et de Marseille. Au VIIe siècle, les fonctions de recteurs sont remplacées les préfets avec un pouvoir
supplémentaire, celui de battre monnaie. Entre la fin du VIIe siècle et 736, le titre de recteur disparaît au profit de celui de
patrice et c’est par les monnaies émises qu’il a été possible d’attribuer des noms à ceux-ci. Les plus connus sont, Anténor,
Nemfidius, Abbon.
Le titre de patrice de Provence aurait été supprimé : soit en 736, année où Charles Martel envahit la vallée du Rhône et dévaste la
région, soit en 739, date de la mort d'Abbon dont la charge de duc et de patrice fut supprimée par Pépin le Bref.
C’est là que les carolingiens prennent le pouvoir en Provence, pendant une période de troubles, quand les troupes Sarrasines, après
avoir franchi les Pyrénées, s’avancent en jetant l’épouvante sur leur passage. C’est en 972-973 que les Sarrasins seront chassés
définitivement de la Provence.
La période carolingienne de la Provence est marquée par la puissance des Bosonides, famille de la noblesse franque, qui réunissent
les territoires de Provence et de Bourgogne. En l'an 879, la région est incorporée à la Bourgogne Cisjurane, et ensuite au Royaume
d'Arles au Xe siècle. En 947, Boson d'Arles, comte d'Arles, est investi du comté de Provence. Pendant que le titulaire du royaume
d'Arles (autrement dit de Bourgogne-Provence) perd progressivement toute autorité réelle, le comte Guillaume d'Arles réunit une armée
afin de chasser les pirates sarrasins qui sévissent à partir de leur base du Fraxinet, aujourd'hui la Garde-Freinet. Victorieux, il
se voit surnommé Guillaume le libérateur et étend son autorité sur l'ensemble de la Provence.
Les indices d’occupation relatifs à cette période sont très rares et Saint-Maximin n’y échappe pas. En effet, du VIIIe au Xe siècle,
l’étude devient complexe, car la disparition de la tradition du dépôt funéraire prive les archéologues de leur principale ressource
de documentation.
Le Moyen-Âge
L’histoire écrite du terroir de Saint-Maximin commence durant le Xe siècle ; l’abbaye marseillaise de Saint-Victor y a des possessions.
Quatre églises lui appartiennent : celle dédiée à Saint-Maximin est l’église paroissiale ; tout à côté d’elle s’élève l’église romane
Saint Jean-Baptiste érigée sur les ruines de l’église paléochrétienne et du baptistère de l’antiquité tardive. Le prieuré et la chapelle
de Saint-Mitre marquent les possessions victoriennes de l’autre côté de la plaine de Saint-Maximin ; la chapelle de Sainte-Marie borde
la route d’Aix hors des murs de la ville.
Le pouvoir temporel est assuré un temps par le « Castrum Redonas », petit château vite tombé en désuétude. Au XIIe siècle, la ville
s’entoure de remparts et Raymond Beranger Ier, comte catalan de Provence, érige Saint-Maximin en ville comtale dépendant uniquement
de lui et tirant ses armes de celle de la maison de Barcelone : « de gueule à cinq pals d’or ».
En 1246, après la mort du comte catalan Raymond Béranger V, la Provence revient à sa fille cadette Béatrix de Provence qui a épousé
Charles Ier d’Anjou, frère de Saint-Louis de France. Saint-Maximin passe alors sous la tutelle des Capétiens d’Anjou. Charles Ier
aura bien du mal à s’imposer face à l’opposition manifestée par les vicomtes de Marseille et la puissante abbaye de Saint-Victor.
Son fils Charles II va prendre position en Provence et choisit Saint-Maximin où il vient de faire l’« invention » des reliques de
Marie-Madeleine. Il décide avec le pape Boniface VIII d’y édifier une basilique et un couvent.
Le pape autorise l’établissement des frères prêcheurs Dominicains en remplacement des Bénédictins. Charles II d’Anjou va également
agrandir la ville et la ceindre de nouveaux remparts qui seront achevés durant le XIVe siècle.
En France, Philippe IV le Bel a besoin d’argent et va tout particulièrement persécuter les Juifs qui, dès 1303, viendront s’établir
en Provence. Ils fonderont une importante communauté à Saint-Maximin. En 1348, la Provence est marquée par la Grande peste qui tua
plus de la moitié de la population. En 1357, les troupes d’Arnault de Cervole envahissent Saint-Maximin et pillent la ville. Ceci,
ajouté à un siècle particulièrement calamiteux, va fortement compromettre la construction de la basilique.
En 1481, après le règne du Roi René, son neveu Charles du Maine, lègue ses biens au roi de France. L’Anjou et la Provence rentrent
dans le domaine royal.
L’Époque Moderne
Durant le XVIe siècle, la ville sera maintes fois menacée et même assiégée en 1590. Le comte de Martinengue, venu au secours des
ligueurs, passe le Var le 29 juillet 1590 à la tête de 400 lances et de 800 hommes d'infanterie (selon Fabrègues, 300 chevaux et
1 000 fantassins) où Ampus le rejoint. Le siège durait depuis plus de 15 jours déjà et les ligueurs qui avaient tiré 1 1OO coups
de canon n'avaient encore pu parvenir à donner un assaut. Le 22 août, ils retirent leurs canons, et vers minuit, ils délogent dans
l'ordre avec si peu de bruit, que les assiégés ne constatent leur départ qu'au lever du soleil. La résistance aux « ennemis du roi
» vaudra à Saint-Maximin de « brocher une fleur de lys d’or » sur ses armes.
Au XVIIe siècle, Saint-Maximin devient une bourgade prospère, partagée entre l’agriculture et les retombées du pèlerinage à
Sainte-Marie Madeleine patronne de la Provence, qui fut un moment l’un des plus importants d’Europe.
Le XVIIe siècle et le XVIIIe siècle verront la construction de bon nombre d’hôtels particuliers qui bordent les principales rues
ainsi que de couvents et de chapelles qui s’échelonnent le long du « chemin des vertus ».
L’Époque Contemporaine
Peu avant la révolution, Saint-Maximin va sortir de ses murs : un nouveau cimetière est ouvert hors de la ville en 1785. Les
industriels et hôteliers construisent aux abords des grandes voies de circulation. La Révolution passe à Saint-Maximin dans un
calme relatif grâce à Lucien Bonaparte qui anime le Club Révolutionnaire. Ce n’est qu’au XIXe siècle que les remparts seront
abattus, et la fontaine monumentale érigée pour commémorer la fin des guerres napoléoniennes, ainsi que le retour au pouvoir des
Bourbons. Saint-Maximin prendra alors son aspect actuel de village paisible, dominé par une basilique qui le dépasse.
(Sources : François Carrazé, Olivier Sivan et al, Yves Roca « prospections SRA 2015-2021 », Guy Barruol « Les Peuples Préromains
du Sud-Est de la Gaule », Solange Rostan dans l’ouvrage « Castrum Rodanas » de 1987, G. De Rey « Les invasions des Sarrasins en
Provence », Louis Rostan « L’Église de Saint-Maximin », M. Faillon « Monuments Tomes 1 et 2 », Paul Fournier « Le royaume de
Provence sous les Carolingiens », Nicolas Prudhomme « Haut Moyen-Âge : Céramiques », Gustave Lambert « Histoire des guerres de
religion en Provence »).